Office du tourisme de St-Nazaire : Visite par Sophie MINSSART, architecte-urbaniste de formation
Histoire de Saint-Nazaire
Sur le toit de la base sous-marine de St-Nazaire, à 18 mètres de hauteur, se trouve une exposition retraçant l’histoire de la ville de St-Nazaire du milieu du 19ème siècle à nos jours.
En 1830, la ville de Saint-Nazaire est un village, un petit bourg de pêcheurs et de pilotes. La navigation des navires de gros tonnages étant compliquées sur la Loire, Napoléon III décide d’y installer un port avancé à celui de Nantes. C’est le début de ce qui est appelé la « fabuleuse aventure » de Saint-Nazaire. Un premier bassin est creusé par le remblaiement d’une anse. La ville portuaire se développe alors rapidement. Elle se fait appeler la « petite Californie bretonne » et suit le modèle de développement des villes américaines, avec un plan orthonormé par exemple. Elle se développe suivant une rue principale qui descend vers le port et regroupe toutes les fonctions ; la ville est résidentielle le long du front de mer et ouvrière au nord du bassin.
Une autre écluse est créée à la fin du 19ème siècle mais c’est surtout l’arrivée du chemin de fer en 1897 qui permet de développer encore davantage le tourisme balnéaire de Saint-Nazaire, avec par exemple l’ouverture d’un casino. Pendant la première guerre mondiale, la ville est le plus important port de débarquement des troupes américaines. C’est dans les chantiers de la ville qu’a été construit entre 1928 et 1935 le paquebot Normandie, un des symboles de la France à cette époque.
La seconde guerre mondiale marque un tournant pour la Saint-Nazaire. Après la défaite de la France en 1940, la ville est choisie pour accueillir l’une des cinq bases sous-marines de la façade atlantique par les allemands. En 18 mois, ils construisent une véritable forteresse par-dessus l’ancienne anse. De 155 mètres de long, 25 mètres de large et 18 mètres de hauteur, elle est composée de 14 alvéoles et est destinée à recevoir un ou deux sous-marins. C’est une rupture dans la ville qui crée un traumatisme pour les habitants. Les alliés ne peuvent pas détruire la base donc cherchent rendre impossible la vie des allemands ; ils détruisent pour cela près de 95 % de la ville.
Après la libération, la ville est reconstruite peu à peu avec de nouvelles idées, notamment celles de Noël Le Maresquier qui pense que Saint-Nazaire doit se développer avec son port, et doit donc lui accorder de l’espace. Suivant la Charte d’Athènes de Le Corbusier, la ville va séparer ses fonctions et effectuer un zonage, le centre-ville est éloigné du port. L’axe est-ouest doit servir de zone sanitaire entre l’industrie et les fonctions urbaines.
Mais la ville connait des crises dans les années 80 et de nombreux habitants ne se plaisent par à Saint-Nazaire. Une nouvelle équipe municipale arrive alors et lance un plan autour de trois thèmes :
- Retourner la ville autour du port et de la mer
- Rendre les quartiers agréables autour d’un centre-ville plaisant
- Diversifier l’économie et renforcer la formation des jeunes
La ville se doit d’être attractive et relancer son développement, elle choisit alors de relier le port à la ville mais en travaillant surtout sur son attractivité. La plus grosse opération de l’époque est le centre-commercial « Le Paquebot ». Plusieurs équipements culturels sont créés comme un écomusée, un centre d’art contemporain… Mais la relation entre le port et la ville est difficile car l’énorme base sous-marine se trouve entre les deux.
C’est pourquoi dès les années 90, un concours de stratégie urbaine est lancé et la ville décide de se réapproprier la base. En 1994, Saint-Nazaire lance le projet Ville-Port 1 destiné à réhabiliter la zone de la base qui n'est alors qu'une vaste friche industrielle.
C’est le projet de l’architecte espagnol Manuel de Solà-Morales qui est choisi et qui va être réalisé entre 1996 et 2000. Deux alvéoles de la base sont choisies pour recréer l’intérieur d’un paquebot transatlantique, c’est l’Escal’Atlantic. Des logements sont également construits autour de la base et plusieurs alvéoles sont percées afin d’ouvrir le port sur la ville.
Le début des années 2000 est une période fleurissante pour la ville et le plan Ville-Port 2 est lancé, il a pour ambition de relier les deux pôles d’attractivités dans une centralité. Dès 2005, le LiFE – Lieu international des formes émergentes – et le VIP, une scène musicale, sont installés dans les alvéoles 13 et 14. A l’avenir, la base sous-marine va accueillir la nouvelle salle Jacques Brel avec toutes ses fonctions, projet en quelque sorte à l’opposé du LiFE, plus chaleureux. Le but final est que chaque alvéole accueille un projet différent afin de créer un « cabinet de curiosité » et non pas de traiter la base d’un seul tenant.