Le Guilvinec (17/06/2013)
L’après-midi, nous avons suivi Philippe, qui nous a servi de guide à « Haliotika, la cité de la pêche » dans la commune du Guilvinec. Ce centre permet de découvrir les produits de la mer, le quotidien des marins-pêcheurs, l'évolution de leur métier et celle du port du Guilvinec. Philippe nous a ainsi présenté les différentes problématiques liées à la pêche mais aussi à l’aménagement portuaire.
Malgré une diminution du nombre de bateaux au fil des années (de l’ordre de -40 % en une dizaine d’années), le port du Guilvinec est actuellement le premier port de France en poissons frais et en pêche artisanale. C’est également le deuxième port de France en chiffre d’affaires (68 millions d’Euros) et le troisième port de France en tonnage (plus de 19 600 tonnes / an). Il existe trois types de pêche, chacune imposant des conditions de vie plus ou moins difficiles en fonction de la durée du séjour en mer. La pêche hauturière dure quatorze jours, mais les marins réalisent en général quatre marées embarquées, puis une marée à terre. Le rythme est soutenu : 18 heures de travail / jours, pour 6 heures de sommeil. Les pêches se font jusqu’à 500 km des côtes, pour une profondeur maximale de 1000 – 1200 mètres. Le deuxième type de pêche est celle dite côtière. Les marins partent en mer durant des marées courtes allant de quelques heures à 3 journées. Enfin, l’équipage de la petite pêche ne part en mer que quelques heures. Le coût du gasoil en augmentation (30 % de la valeur de la paye), la nécessité d’obtenir un diplôme (BTS, et Certificat d’Initiation [à la Pêche] / [Nautique]), la présence de quotas ainsi que les problèmes de gestion de la ressource, et les conditions de vie difficiles (horaires, temps à Terre, salaires irréguliers, …) entrainent, à l’heure actuelle, la diminution du nombre de pêcheurs. D’ailleurs, la fin de la pêche hauturière semble se rapprocher à grand pas. En ce qui concerne la gestion des ressources, l’IFREMER récupère les données nationales, et européennes, avant de répartir les quotas de chaque port. D’importants efforts ont été fait pour diminuer le gaspillage des juvéniles : alors qu’il y a 30 ans, 70 % de la pêche n’était pas commercialisable, aujourd’hui il est de 30 %. Entre autres, les gabarits permettent de relâcher les juvéniles impropres à la consommation, et ainsi de permettre à l’écosystème marin de survivre. D’autres mesures concernant le matériel ont permis de ne pêcher que les poissons de gabarit adéquat (taille, et forme des mailles essentiellement).
Le port du Guilvinec étant l’un des plus importants ports de pêche en France, des aménagements portuaires adaptés ont dû être réalisés au cours du temps. Ainsi depuis 1947, treize tranches de travaux successives ont permis d’obtenir le port actuel qui contient entre autre la criée, une aire de service, un élévateur ainsi que des épis au niveau des digues qui permettent de briser la houle de la mer. Ces dernières années, une réflexion a été engagée quant à la réalisation d’un port de plaisance pouvant accueillir 575 places dans l’arrière port du Guilvinec. Cependant ce projet a été réfléchi sans coordination avec les différentes acteurs ce qui a été source de conflits. L’appartenance du port au Conseil Général du Finistère, et la concession aux mains de la Chambre de Commerce ne facilitent pas les prises de décisions concernant les travaux du port, prévus pour fin 2014 – début 2015. Notons, néanmoins, que le port de Guilvinec se porte relativement bien, puisqu’il s’agit d’un des seuls ports bénéficiaires de Cornouailles. La découverte d’espèces protégées comme la salicorne a mis fin au débat en annulant pour l’instant le projet. De plus, faire coexister un port de plaisance avec un port de pêche, aurait condamné à terme l’activité industrielle du Guilvinec. Ce qui orienterait le marché du poisson et l’industrie de la pêche vers d’autres territoires et d’autres pays. Le secteur de la plaisance est une économie stagnante qui repose essentiellement sur la consommation d’espaces fonciers et maritimes avec pour conséquence l’augmentation du prix du foncier. La population changerait de style et son intérêt serait alors de défendre ses loisirs au détriment des besoins légitimes des travailleurs de la mer.