AURAN - Présentation du territoire Nantais
En France, nous comptons 53 agences d’urbanisme dont l’une d’entre-elles se situe à Nantes. L'Agence d'Études Urbaines de la Région Nantaise (AURAN) a été créée en 1978. Elle est présidée par M. Jacques Floch, Membre Honoraire du Parlement, Maire Honoraire de Rezé.
L’AURAN est un organisme de réflexions et d’études qui a pour mission :
- de suivre les évolutions urbaines internes ;
- de participer à la définition des politiques d’aménagement et de développement ;
- d’élaborer les documents d’urbanisme ;
- de préparer les projets de l’agglomération ;
- d’harmoniser les politiques publiques.
De ce fait, cette agence emploie une équipe pluridisciplinaire, composée d’urbanistes, de géographes, de sociologues, d’architectes, d’économistes… Cette dernière comprend aujourd’hui 25 membres. C’est donc une petite équipe réactive à l’intérieur de laquelle naît des échanges entre des personnes qui se connaissent bien.
En général, les structures d’urbanisme sont assez mal identifiées par le grand public. Nous les confondons souvent avec des services techniques travaillant pour des collectivités ou des bureaux d’études alors qu’elles ne sont qu’ « une aide à la décision ». Ce sont les élus qui prennent les décisions en ce qui concerne leur collectivité.
L'AURAN met en oeuvre des moyens d'études permanents indispensables pour les choix et les prises de décisions des élus. Elle est autonome, indépendante et complémentaire aux bureaux d’études. Elle a le statut d’une association et chaque année, elle doit rédiger un compte rendu afin d’élaborer un programme pour l’année à venir. L'activité de l'AURAN répond alors aux objectifs définis dans ce programme.
De plus, l’agence d’urbanisme possède un large champ de travail dont la région, le département, les SCOT... Elle regroupe en effet 26 communes de la région nantaise ainsi que de nombreuses autres structures comme la Communauté urbaine de Nantes, le Conseil Régional des Pays de la Loire, le Conseil Général de Loire-Atlantique...
Ce territoire d’études dont l’échelle est étendue, montre que l’AURAN ne travaille pas pour une collectivité. Elle est ouverte sur les territoires extérieurs depuis 10 ans et ne concerne pas seulement l’agglomération de Nantes.
Elle essaie de se positionner entre les territoires pour servir de liaison. Elle joue alors un rôle d’harmonisation aux dialogues entre la région, le département et Nantes Métropole.
Enfin, cette structure est financée à 100% par des fonds publics et par des partenaires dont Nantes Métropole, le principal financeur, et l’Etat.
En ce qui concerne l’agglomération de Nantes, celle-ci comprend :
- 24 communes
- 600 000 habitants + 100 000 d’ici 2030
- 62% d’espaces naturels (nous pouvons la qualifier de ville verte)
- 250km de cours d’eau (c’est une spécialité locale)
- 90 000 personnes qui entrent chaque jour dans l’agglomération pour y travailler
- 316 000 emplois
- 286 000 logements
Avant les années 30, Nantes s’appelait « La Venise de l’Ouest » du fait de ses nombreux cours d’eau. Des travaux ont été réalisés en rapport avec l’eau.
En 1943, la ville fut très touchée par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. Suite à cela, la ville a vu sa population considérablement augmenter en l’espace de 5 ans:
- 100 500 personnes se sont installées dont 82 000 personnes provenaient de l’extérieur du département Loire-Atlantique.
- 98 100 personnes ont quitté la ville.
Cette augmentation de la population s’explique par la présence importante du parc locatif privé.
En revanche, les personnes quittant la ville, veulent généralement se rapprocher du littoral.
Ainsi, l’enjeu dégagé est: Comment faire pour que l’agglomération nantaise reste socialement diversifiée ?
En analysant la démographie nantaise sur une période de dix ans, l’AURAN a remarqué une croissance des personnes seules, liée au vieillissement de la population et, une croissance des couples sans enfants. L’aménagement de la ville est alors remis en question.
La taille des ménages a tendance à diminuer. Il en est de même pour le nombre de familles avec enfants. Néanmoins, le chiffre représentant les familles monoparentales dans la ville croît.
Concernant les catégories socio-professionnelles, la part des cadres et des professions intermédiaires est majoritaire à Nantes depuis 2009. En revanche, la part des employés et des ouvriers, dominante en 1999, a diminué. Ceux-ci restent tout de même nombreux dans la ville.
La structure de la population est donc modifiée avec les départs et les arrivés sur le territoire.
La cohésion sociale est importante à Nantes Métropole par rapport à d’autres métropoles françaises. En effet, 69% des habitants estiment que l’agglomération nantaise est un territoire solidaire. Toutefois, 15% des ménages nantais vivent sous le seuil de pauvreté. L’agence d’urbanisme a constaté un « décrochage » entre le revenu des ménages et le prix des logements. Celui-ci a augmenté de 10 % depuis 10 ans.
L’Ile de Nantes dispose d’un parc privé très important. Au sein de celui-ci, le taux de pauvreté est élevé. La précarité des habitants n’existe donc pas seulement dans les parcs sociaux.
Au Nord-Est de la ville, se situent les beaux quartiers alors qu’à l’ouest se situent les maisons abordables ce qui permet de retenir les familles.
Enfin, Nantes accueille plus de 50 000 étudiants. L’université est relativement jeune et vaste. La ville détient un fort taux d’écoles, d’unités d’enseignements professionnels et également, un fort taux de réussite au baccalauréat. Cependant, le taux d’insertion des étudiants dans les niveaux d’études supérieurs après le baccalauréat est faible.
L’économie
En ce qui concerne l’économie, il faut savoir que Nantes possède encore une partie industrielle qui tire la croissance vers le haut.
D’autres secteurs apparaissent également plus lourd à Nantes qu’ailleurs tels que l’agroalimentaire (principale filière du tissu économique), les banques et assurances, mais aussi les services avancés aux entreprises et le numérique (en complémentarité avec la ville de Rennes).
Cependant, Nantes possède encore quelques lacunes en ce qui concerne les secteurs de l’immobilier, de l’automobile, la R&D, les transports mais surtout le tourisme.
En effet, la ville fait l’objet d’un tourisme d’affaire relativement important mais ne parvient pas à devenir une véritable destination touristique. Pourtant, elle tente depuis plusieurs années d’attirer les populations en mettant en place différentes manifestations tels que « Le voyage à Nantes » où le but est de créer un voyage urbain ou encore « Estuaire » où des oeuvres contemporaines sont exposées le long de l’estuaire de la Loire, de Nantes à Saint-Nazaire.
L’emploi, quant à lui, a connu une évolution depuis les quarante dernières années. En effet, les années 70-80 étaient propices à la diffusion de l’emploi sur la première couronne de la ville de Nantes tandis que depuis les années 90, on observe une diffusion de l’emploi sur tout le département et une concentration de celui-ci sur la deuxième couronne.
Enfin, la commune a pris conscience de l’importance de la relation au territoire. En 1960, l’aire urbaine regroupait quelques 17 communes contre 114 aujourd’hui. On remarque alors que la densification s’avère difficile en ce qui concerne l’activité économique (bien que le territoire ait connu une baisse de 9% de sa consommation d’espace dans les années 2000).
Il est cependant important de retenir que : « La densité n’implique pas une seule forme urbaine ».
Mobilité
La ville de Nantes apparaît comme un véritable modèle en termes de transports et déplacements. La logique de la ville dans ce domaine est alors d’essayer de sortir la voiture du centre-ville (la voiture occupe aujourd’hui une place très importante) qui pourrait devenir un lieu de destination et non plus un simple lieu de passage.
La place des transports en commun dans la commune est, quant à elle, liée à la politique de la ville en termes de cohésion sociale.
Le tramway est donc orienté selon une logique radiale de concentration vers le centre-ville. Les bus quant à eux relient les polarités sans trop passer par le centre.
La ville de Nantes se pose alors la question suivante : « Comment arriver à promouvoir les modes doux et à réduire la place de la voiture alors que la ville accueille de plus en plus d’habitants ? »
Le PDU (Plan de Déplacements Urbains) de Nantes possède pour cela quelques objectifs ambitieux : il projette en effet une diminution de la place de la voiture de 57% aujourd’hui à 50% dans quelques années, ce qui permettrait alors d’augmenter la place du piéton jusqu'à 32%.
Cependant, les tendances observées vont dans ce sens puisque l’on remarque une augmentation des déplacements par modes doux (marche et vélos) ainsi qu’une augmentation de l’utilisation des transports en communs tandis que les déplacements en voiture diminuent.
On peut donc constater que l’enjeu principal de la mobilité concernant l’augmentation des modes de déplacements autre que la voiture peut se voir réalisé.
La ville de demain
Au 18ème siècle, Nantes est une ville au rayonnement mondial. Mais au 19ème siècle, Nantes ne fait plus le poids face aux autres villes qui se développent et redevient donc une province comme les autres. Depuis 1987, le territoire de Nantes lance des projets pour relancer la métropole et qu’elle obtienne une dynamique positive. A l’échelle internationale, la ville de Nantes est considérée comme moyenne. L’agence d’urbanisme de Nantes lance donc un projet pour 2030, appelé « ma ville demain, inventons la métropole nantaise de 2030 ». C’est donc une réflexion de deux ans, qui aura fait participer 22 000 personnes et portée à 1 500 les contributions. Ce projet vise à répondre à un enjeu majeur : comment garder une qualité de vie et de ville alors que cette dernière accueille 100 000 habitants de plus.
Cette réflexion c’est donc faite en 4 étapes. La première étape : la mise en mouvement est lancée à partir de décembre 2010. La seconde étape : le temps des idées débute en juin 2011 et est constitué principalement de débats. La troisième étape : imaginer les possibles, est une étape d’analyse et de travail avec certaines écoles pour pouvoir présenter les idées aux élus. Ce qui nous amène donc à la dernière étape : choisir un cap. Cette étape représente la rédaction du projet politique par les élus suite aux rapports de l’étude présentés.
Afin de pouvoir informer un maximum de personne, l’agence d’urbanisme de Nantes à mis en place plusieurs outils de communication. Parmi ces outils on peut citer un site internet attractif, des ouvrages, un kit de jeux de carte, un kiosque ouvert au public pour tout renseignement, … Il y a également eu des innovations dans le format des réunions publiques.
A l’issue des 3 premières étapes, l’agence d’urbanisme a alors présenté 3 visions toutes possibles et cohérentes. Ces 3 visions reposent sur un socle commun qui prend en compte différentes valeurs comme la cohésion sociale, la proximité et l’attachement au territoire, l’ouverture au monde et la créativité.
Première vision : l’ouverture au monde
Cette vision vise à faire de Nantes une métropole d’excellence tournée vers l’international. Elle est donc présentée comme un moteur du grand Ouest qui est connectées aux autres villes du monde, elle devient donc intégrée dans la mondialisation. De plus elle est présentée comme une ville compétitive et industrielle et qui développe donc ces filières d’excellence. Le service à la personne se développe également pour attirer la population. Le développement de la métropole se concentre plutôt sur le grand centre et sur la qualité de ses espaces publics tout en densifiant la cohésion et la mixité sociale et en développant les réseaux de transports en communs. On note également une confortation des polarités, même si elles restent minimes face au centre. En ce qui concerne l’environnement dans cette vision de la métropole, il est disposé tel une ceinture de la ville qui en définie les limites. Les limites de cette vision porte sur sa dépendance à un contexte économique favorable et à sa dualité du marché du travail. De plus, il nécessite un investissement public fort pour maintenir les équilibres.
Deuxième vision : créativité et initiative individuelle
Cette vision mise surtout sur l’innovation et la créativité. La métropole est alors présentée comme une métropole qui stimule les initiatives et qui met un accent sur les formations. On peut la définir également comme la ville de l’entreprenariat, la place de chaque individu est valorisée. En ce qui concerne la forme urbaine de cette vision on est plus sur un développement du centre et des centralités extérieures soit les centre-bourgs. C’est une métropole à taille humaine ou chaque quartier peut développer sa propre identité. On remarque qu’il y a moins de mixité dans les activités que dans la première vision mais il y a une volonté de développer une proximité entre le travail et l’habitation. Du point de vue de la mobilité, il est prévu de faire des centres de rabattements pour les voitures. Enfin, au niveau de l’environnement, c’est une nature diffuse, appropriée par les habitants qui est présentée dans cette vision de la métropole. Les limites d’une telle vision sont d’une part le risque d’une individualisation de la société, de la perte du sens commun, d’une autre part c’est une vision quelque peu ambitieuse, basée sur le pari.
Troisième vision : Productions et ressources locales
Dans cette vision, la métropole mobilise les ressources locales et les utilisent aux services des habitants. La plus part des productions sont donc locales et l’investissement des citoyens est collectif, les habitants sont donc les acteurs de leur proximité. On niveau de l’organisation urbain, c’est une métropole à l’échelle du quartier, ou du bassin de vie. Il n’y a pas de centralité marquée et la mixité entre l’emploi et l’habitat est très développée. Au niveau des transports on note une optimisation du réseau de transports déjà existant ainsi qu’un développement des mondes doux sur les différentes centralités. Ce modèle met donc en avant la proximité, un usage sobre des ressources, et une mise en avant de l’utilité de chaque citoyen. Cependant à travers ce modèle il y a un risque de segmentation du territoire, chaque quartier pourrait alors se retourner sur lui-même et donc s’isoler. De plus les moyens publics sont en baisse, ce qui peut être également une limite à cette vision.A la suite de la présentation de ces trois visions, complémentaires mais toutes valables, les élus ont donc mis en place leur projet pour la métropole 2030. Ce projet contient 7 chapitres et 70 orientations. Les 7 chapitres sont les suivants :
- Une bonne échelle
- Une métropole qui respire
- Des emplois pour tous et économie innovante
- Une métropole apprenante
- La mixité et la cohésion sociale renforcées
- Une nouvelle culture de la mobilité
- La forme de la ville